On veut un coucher de soleil ! - J17
Ce matin, c'est réveil en fanfare !
Non non, pas au figuré. Au sens propre : l'hôtel est juste à côté de la base militaire, et à 8 heures, ces messieurs défilent, cuivres et grosse caisse en tête. On va dire que compte-tenu des événements de la veille, deux heures de sommeil c'est une bonne moyenne. Bon, on va quand même traîner un peu, parce qu'après tout, on n'est pas si pressées que ça. Mais maintenant qu'il fait jour, on y voit un peu plus clair ... et MP s'aperçoit que dans sa hâte d'aller dormir, des trois lits elle a choisi celui qui n'était pas fait. Ahhhh! C'est pour ça que le drap avait l'air bizarre. Et en parlant de bizarrerie, la douche n'est pas mal non plus : "Euh ... tu sais comment on met l'eau chaude? T'es sûre qu'on va pas s'électrocuter ?". Bref il nous faudra quand même du renfort pour arriver à faire marcher le bouzin.
Un petit déj plus tard et les sacs bouclés, nous décidons d'aller faire un tour en ville. Hier soir (disons plutôt ce matin), la ville me faisait furieusement penser à une de ces anciennes villes du Far West. Impression confirmée : avec sa large rue principale entourée de maison basses, sous un ciel strié de grands nuages, elle ne dépareillerait pas dans un western de John Ford. Si ce n'était les rues pavées et les fils électriques, on s'y croirait. Donc nous déambulons, observons, visitons les quelques boutiques où j'en profite pour acheter une nouvelle paire de lunettes de soleil, les miennes ayant mal vécu les deux semaines de voyage. De belles lunettes rouges (trop star !) qui permettront à mes petits yeux sensibles de survivre à la réverbération sur le Salar. Oui, parce que aujourd'hui, nous partons pour la traversée de ce grand désert de sel en 4x4.
Tiens ! Voilà Rasta Man et ses trois japonaises. Ils ne se quittent plus dis donc. Tu crois qu'il a conclu ? Hem...
A 13 heures, tout le groupe Viventura se retrouve à l'hôtel pour embarquer. Les bagages sont chargés sur les galeries et bien ficelés dans des bâches (du moins on l'espère). MP et moi embarquons avec Christine, Jacques et Nico. Il est temps de prendre la route, vers l'infini et au-delà !
Nous faisons rapidement une première halte au cimetière des trains : un terrain désertique semé de locomotives et de wagons rouillés, vestiges de l'exploitation minière. L'occasion pour Jean-Jacques de réaliser un rêve de gosse (conducteur de loco), et pour MP de relever son petit défi en arrêtant d'autorité une voiture pour sa photo "Pekin Express like" (euh ... alors en fait, c'était notre 4x4 et il était déjà à l'arrêt). Oh et puis il y a des rails, alors on s'amuse un peu aussi, sans oublier de laisser un petit signe de reconnaissance sur l'un des wagons.
Notre deuxième arrêt sera pour une fabrique de sel. Oubliez l'usine, ici ça reste très artisanal. On nous explique comment le sel est collecté, nettoyé, traité, puis mis en sachets pour être vendu. Le revenu de cette production permettra à quelques familles de vivre. Et c'est également l'occasion pour nous de découvrir quelques utilisations insolites du sel : on en fait aussi des briques pour construire des bâtiments. Nous nous arrêterons une troisième fois, peu après notre entrée sur le Salar, pour rendre visite aux ramasseurs de sel afin qu'ils nous parlent de leur activité. Ramasseur de sel, c'est tout simple : un camion, une pelle et de l'huile de coude. Sur une base circulaire d'environ 1 mètre de diamètre, on élève un monticule de sel avec tout ce qu'on peut ratisser alentours, Puis il suffit de charger le tas dans la benne du camion. Les hommes du groupe s'essaient vaillamment à l'exercice, et MP et moi aussi "pour voir". Mais bon, on fatigue vite. C'est sûr, c'est l'altitude.
Le Salar d'Uyuni est une vaste étendue de sel couvrant plus de 12000 km². La plus vaste réserve de sel du monde, paraît-il, dont l'exploitation est une des principales activités de la région. La couche de sel est épaisse, mais réserve parfois quelques surprises : une couche un peu plus mince, et en-dessous, un petit trou d'eau limpide. Attention où vous mettez les pieds.
A 3600 mètres d'altitude, nous voilà donc, quatre 4x4 en convoi, sur ce désert d'un blanc aveuglant, sous un ciel bleu magnifique, avec un horizon qui ne se rapproche jamais. Une lumière superbe, un paysage époustouflant de solitude, dépaysant, apaisant.
Bon et puis il faut le dire, l'intérêt du Salar, c'est que c'est bien plat, et ça secoue pas trop dans le 4x4.
Et puis soudainement, après 2 heures de route, un rocher insolite se dresse devant nous : la Isla del Pescado - l'île du poisson -. Un bout de terre qui surnage au milieu de l'océan de sel. C'est là que nous allons nous arrêter pour déjeuner. Heureusement, vu l'heure, la majorité des autres groupes de touristes sont sur le point de repartir, ce qui nous permet, après le pique-nique, de nous balader tranquillement dans une forêt ... de cactus. En voilà qui feraient pâlir ma copine H d'envie (si ça peut te consoler, dis-toi qu'ils ne passeraient ni la porte, ni sous ton plafond). Les sentiers grimpent vers le point culminant de l'île à travers rochers et cactus, pour nous permettre de finalement découvrir un superbe panorama sur le désert blanc... Tiens, revoilà Rasta Man et ses japonaises. Ça fait plaisir, de retrouver des têtes connues à l'étranger.
Au coucher du soleil, nous sommes encore au milieu du Salar. Ca tombe bien : avec MP, on n'a toujours pas eu NOTRE coucher de soleil. Les 4x4 s'arrêtent au milieu de nulle part, et nous patientons avec une bonne séance photos. Le problème, c'est qu'au fur et à mesure que le soleil descend, il fait de plus en plus froid. Mais on s'en fout : on a nos chapeaux boliviens qui nous valent d'ailleurs l'affectueux surnom de Chapi Chapo. De toute façon, on ne bougera pas tant qu'on n'aura pas nos photos de coucher de soleil. So What ? On pose donc nos fesses sur le Salar, chacune dans sa petite alvéole de sel... C'est quand même froid, par terre.
Le soleil continue à descendre, le ciel s'assombrit en se parant de jolies teintes roses d'un côté, et d'or et de feu de l'autre. Trois petits monticules apparaissent à l'horizon, se superposant exactement à trois monts. Illusion, effet d'optique, mirage, réalité? Mystère. Une dernière lueur à l'horizon... là il commence à faire vraiment froid. Les premiers 4x4 sont déjà partis. il est temps d'y aller.
Nous arrivons au refuge de Chuvica à la nuit. Cette nuit, ce sera spartiate, et nous partagerons une chambre à six. Il n'y a pas de chauffage, mais heureusement de bonnes couvertures, car il fait maintenant vraiment froid.
Tout le monde se retrouve rapidement dans la grande salle à manger où d'autres groupes sont déjà attablés. Le repas, excellent, se déroule dans une ambiance très sympathique, et nous restons un long moment à discuter, jusqu'à l'extinction du groupe électrogène à 23 heures.
C'est que demain, il faut encore se lever très tôt.